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Ultime superproduction hollywoodienne du XXe siècle, dernier avatar d'une longue lignée de tournages dantesques (Cléopâtre, Ben Hur, Lawrence d'Arabie...), le magnum opus de James Cameron est le trait d'union entre deux époques. L'une s'estompera inexorablement après Titanic. Celle des artisans fous, des matte painters, des truqueurs optiques ; celle d'une cheminée de paquebot bricolée en carton, des maquettes de bateaux en balsa et des fausses perspectives en miroirs. L'autre naît au début du film, avec le « one million shot », monumental survol du Titanic à son départ de Southampton. Impressionnant millefeuille mêlant prises de vues réelles, couches numériques et personnages en motion capture, ce plan saisissant n'est pas le premier du genre. Mais c'est le plus ambitieux, et le plus accompli. Un jalon, pour une nouvelle ère dans l'histoire des effets spéciaux. Chef d'orchestre de cette révolution, qui fera bientôt basculer Hollywood dans le tout numérique, Rob Legato est le passeur entre ces deux mondes. Il fait de ce tournage fou son chef-d'œuvre, un monument d'ingéniosité et d'innovations tantôt mécaniques, tantôt numériques, le plus souvent combinées. Sa collaboration féconde avec James Cameron fera de Titanic l'un des plus gros succès de l'histoire. Un film plus grand que tout, qui célèbre autant l'amour fou de Jack (Leonardo DiCaprio) et Rose (Kate Winslet) que le cinéma comme art de l'invention, de l'illusion et de l'émerveillement.
Xavier Jamet