Avec Jack Nicholson, Karen Black, Billy Green Bush.
Second film et coup de maître pour Rafelson avec cet itinéraire mélancolique sur le désarroi des jeunes générations américaines. Les cinq pièces faciles du titre – des morceaux de Chopin, Bach et Mozart – scandent l'existence d'un ouvrier caractériel, fin dissimulateur de ses véritables origines sociales, qui personnifie le mal de vivre de tout un pays. Dans un style sobre, spontané, sans concession, Rafelson déploie une tragédie intimiste et confirme le talent brut de Jack Nicholson, fantastique de lyrisme. L'un des chefs-d'œuvre du Nouvel Hollywood.
Sans doute l'un des films les plus emblématiques et les plus beaux de ce que, rétrospectivement, on a appelé le Nouvel Hollywood. Produit et réalisé sous l'égide de la companie BBS, Cinq pièces faciles n'a pas seulement permis de nommer un genre – le road movie – qui allait saisir comme aucun autre le désenchantement existentiel de la période. Calant son pas sur un homme indécis qui ne trouve nulle part où se fixer vraiment, c'est un film à la fois éclatant et mystérieux, un film de route et d'avancées immobiles, le portrait prodigieux d'une Amérique déboussolée qui va et revient au gré de ses impulsions contradictoires. C'est peut-être, en cinq pièces difficiles, l'histoire de Télémaque au pays d'Easy Rider. — Jean-Baptiste Thoret
Jean-Baptiste Thoret est réalisateur (We Blew It, Dario Argento, soupirs dans un corridor lointain) et historien du cinéma. Il est l'auteur d'une douzaine de livres parmi lesquels 26 secondes, l'Amérique éclaboussée (Rouge Profond, 2003), Le cinéma comme élégie : conversation avec Peter Bogdanovich (Carlotta, 2018) et Michael Mann : mirages du contemporain (Flammarion, 2021). Il a écrit avec Bernard Benoliel Road movie, USA (Hoëbeke, 2011).
Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.