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Drive, c'est le résultat d'une rencontre qui aurait peut-être pu ne jamais avoir lieu entre un roman éponyme de James Sallis, un acteur et un réalisateur, réunis grâce à une chanson des années 1980. En effet, alors que le scénario circule depuis 2008, il est finalement proposé, deux ans plus tard, à Ryan Gosling, qui admire les films de Nicolas Winding Refn et suggère qu'il le réalise. La première rencontre entre l'acteur et le réalisateur semble tourner court car Refn, grippé, reste de marbre. Alors qu'il le raccompagne en voiture, Gosling allume la radio qui passe Can't Fight This Feeling et... Refn fond alors en larmes : il a trouvé la figure de son chauffeur mutique qui écoute des chansons pop exprimant ses sentiments. Une relation presque télépathique se met alors en place entre l'acteur et son réalisateur. Si Gosling apparaît comme le pur héritier des héros mutiques et sans nom des films de Leone et de Melville, ses explosions de violence l'écartent du flegme de ses prédécesseurs. Le film joue en permanence sur les codes tout en les détournant : film d'action avec un héros majoritairement passif – la scène d'ouverture magistrale joue plus sur l'attente que l'action –, une attente qui se prolongera jusqu'à la moitié du film ; une femme « fatale » malgré elle, à l'irréprochable innocence ; un dur au regard angélique et amateur de chansons sucrées. Drive embarque son spectateur dans une déambulation hallucinée au cœur d'un Los Angeles à la fois quotidien, pop et cauchemardesque.
Wafa Ghermani