Le Convoi de la peur

samedi 20 avril 2024, 14h30

Salle Henri Langlois

14h30 17h35 (182 min)

William Friedkin
États-Unis / 1976 / 122 min / DCP / VOSTF
D'après le roman Le Salaire de la peur de Georges Arnaud.

Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal.

Après les succès de French Connection et de L'Exorciste, Friedkin a carte blanche pour réaliser le remake du Salaire de la peur, projet insensé au tournage monumental qui, trois ans avant La Porte du Paradis, commence à entamer le crédit des cinéastes-démiurges. Échec cuisant au box-office, Le Convoi de la peur constitue une saisissante plongée au cœur des ténèbres, succession d'images chocs, où règnent la misère et le chaos. De sueur et de sang, porté par la musique envoûtante de Tangerine Dream, le film confronte Roy Scheider, et son camion chargé de nitroglycérine, à une jungle terrifiante et hostile. Mythique.

Restauré par Warner Bros, sous la supervision de William Friedkin. Distribué par la Rabbia


Dialogue avec Nicolas Pariser
Animé par Jean-François Rauger
60 min

Par quelque bout qu'on le prenne, Sorcerer (Le Convoi de la peur) est un film chargé de symboles négatifs comme peu le sont : à l'intérieur comme à l'extérieur du film, des signes presque aberrants et paradoxaux se bousculent. Remake baroque d'un film classique, échec terminal d'un des rois dominant le cinéma américain d'alors, débauche de moyens spectaculaires au service d'une pure pulsion de mort, incarnation extrémiste de la liberté auteuriste du Nouvel Hollywood... qui en marque précisément le brutal déclin : sorti une semaine après La Guerre des étoiles, qui l'éclipse aussitôt de façon humiliante, le film met en vedette le même acteur (qui ne sera jamais une star, Roy Scheider) que dans Les Dents de la mer, qui deux ans plus tôt inventait le blockbuster. Sorcerer est un film (auto)destructeur qui pousse tout trop loin, à l'image de son prologue narrativement monstrueux. Que le meilleur film de Friedkin soit aussi le moins taillé pour le succès est son paradoxe le plus troublant, vu la soif de grandeur de son auteur. — Nicolas Pariser


Nicolas Pariser est cinéaste. Il s'est d'abord fait connaître avec ses courts métrages La République (prix Jean Vigo 2010) et Agit Pop (2013). Il a réalisé trois longs métrages : Le Grand jeu (2015), Alice et le maire (2019) et Le Parfum vert (2022), ainsi que des épisodes de la série télévisée En Thérapie.

Jean-François Rauger est directeur de la programmation à la Cinémathèque française.