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Le Cabaret des filles perverses ou Blue Rita (Das Frauenhaus en VO) a été réalisé en 1976 pour le producteur suisse Erwin C. Dietrich, à l'origine du financement de nombreux titres de Jess Franco à cette époque. Comme souvent, le cinéaste et scénariste, qui signe ici Clifford Brown pour la réalisation, traite avec une désinvolture critique les conventions essorées du film d'espionnage pour s'attaquer à ce qui l'obsède vraiment. Un cabaret parisien sert à attirer dans un piège des hommes à qui une puissance étrangère tente de soutirer des secrets d'État. Les malheureux sont littéralement encagés et soumis à la torture de dominatrices sans pitié. C'est par la frustration sexuelle que les aveux sont extorqués. Un tel postulat permet à Franco de mettre en place des dispositifs sado-masochistes inouïs et de s'absorber, avec une inventivité perverse sans égale, dans l'exaltation des corps de ses actrices filmées. Les sexes féminins sont saisis en contre-plongées menaçantes, vues subjectives de personnages masculins réduits en esclavage. Les intérieurs, d'une sobriété stylisée transformée par l'usage du grand-angle, ont été filmés à Zurich. Les rues de Paris, quant à elles, sont captées avec cette intensité documentaire que procure souvent un tournage à petit budget. Cette vérité est parfois intensifiée, paradoxalement, par des trouvailles poétiques insensées, tels ces plans montrant une jeune femme, nue sous une cape rouge, courant au petit matin sur les quais de la Seine pour échapper à une voiture meurtrière. Le film est sorti en France en novembre 1977. Le critique de la Saison cinématographique, qui le jugeait hâtivement « fasciste » (pourquoi ?), qualifiait Franco de « Robbe-Grillet du Midi-Minuit ». Et non. C'était bien mieux que ça.
Jean-François Rauger