À la suite de la projection de Peter Ibbetson de Henry Hathaway

Dès leur jeunesse, les futurs surréalistes se passionnent pour le cinéma et sa liberté sans limite : « Jamais aucun moyen d'expression n'a enregistré autant d'espoir que le cinéma », dit Benjamin Péret. « C'est là que se célèbre le seul mystère absolument moderne », écrit André Breton. Et il ajoute, en novembre 1951, dans L'Âge du cinéma : « Ce qu'il y a de plus spécifique dans les moyens du cinéma, c'est de toute évidence le pouvoir de concrétiser les puissances de l'amour qui restent malgré tout déficientes dans les livres, du seul fait que rien ne peut y rendre la séduction ou la détresse d'un regard – « ou de certains vertiges sans prix ». Quelles traînes incomparables, à jamais étincelantes, laissent à cet égard dans le souvenir des films comme Ah ! Le beau voyage (A Little Journey, Robert Z. Leonard, 1927) ou Peter Ibbetson et comme les chances suprêmes de la vie se tamisent sous leur rayon ! » Dans L'Amour fou, Breton est revenu sur la beauté de Peter Ibbetson, « ce film prodigieux, triomphe de la pensée surréaliste » – sans jamais citer son metteur en scène, Henry Hathaway. Il n'était pas adepte de la politique des auteurs... Quant à Ah ! Le beau voyage, tourné au temps du muet, il est à ce jour considéré comme perdu...