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En 1941, John Huston est un scénariste chevronné et reconnu lorsque qu'il met en scène son premier long métrage. Il choisit d'adapter un roman noir de Dashiell Hammett, paru une dizaine d'années plus tôt, et déjà transposé par deux fois à l'écran. Mise en scène épurée, photographie soignée : Huston retranscrit avec brio la complexité de l'intrigue et les motivations ambiguës de chacun. Ainsi, la galerie de seconds rôles est tout aussi remarquable que le sombre et cynique détective Sam Spade, incarné par Humphrey Bogart. Aux côtés de Peter Lorre et de Mary Astor, l'acteur, jusqu'alors habitué à jouer les criminels de second plan, trouve ici un nouveau souffle. Pour la première fois de sa carrière, il décroche le rôle principal, et va pouvoir définir les contours de son personnage. Répliques cinglantes, feutre mou et cigarette aux lèvres, il relève le défi à la perfection, et son interprétation lui vaudra d'incarner Philip Marlowe pour Howard Hawks dans Le Grand sommeil cinq ans plus tard. Récit d'une quête vaine et inutile, Le Faucon maltais réunit pour la première fois Bogart et Huston, qui tourneront encore cinq autres films ensemble. Taillé dans « la matière dont sont faits les rêves », il marque la renaissance d'un comédien, et surtout la naissance d'un immense cinéaste, dont le premier essai et coup de maître pose durablement les codes du film noir.
Gilles Veyrat