Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Nadia Sibirskaïa fut l'actrice fétiche et la compagne de Dimitri Kirsanoff. Il émane de son visage lumineux et de son corps frêle un mélange de fougue, de détresse et de candeur, si bien que Jean Tedesco, directeur du Vieux-Colombier où Ménilmontant connut un succès éphémère à sa sortie en 1926, la compara à Lillian Gish. Dans ce drame qui aborde le thème de la prostitution et de la condition des modestes citadines, elle incarne une jeune femme amoureuse, trahie et démunie, dans une vie et dans une ville qui regorgent de promesses et de leurres. Le quartier de Ménilmontant est le refuge des sœurs orphelines, l'environnement qui détermine leur devenir. Il est le théâtre d'histoires sordides et d'infortunes orchestrées par la criminalité. Ses ruelles désertes se révèlent être à la fois les pièges et les témoins silencieux du sort de chacun. Kirsanoff excelle dans la mise en scène de la montée des sentiments, tout comme l'ambiguïté et la confusion qu'ils provoquent. À travers l'incertitude de ses personnages, il instaure le doute et un certain flottement, obligeant le spectateur à se fier à sa propre sensibilité. Mais la force de sa narration réside surtout dans l'alternance et l'opposition du montage rapide et saccadé, et de l'usage de l'ellipse. Dans cette réalisation sobre et réaliste, sans intertitre ni virtuosité apparente, Kirsanoff dépeint magnifiquement la vie comme une succession de joies et d'épreuves dont le rythme quotidien se dilue dans l'intemporalité du destin.
Samantha Leroy