Manolesco, prince des sleepings

samedi 11 mars 2023, 18h00

Fondation Jérôme Seydoux Pathé Hors les murs

18h00 19h55 (111 min)

Accompagnement musical par la classe d'improvisation de Jean-François Zygel (CNSMD de Paris)
Fondé en 2001, le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris offre aux élèves pianistes la possibilité pendant cinq ans d'aborder en profondeur toutes les facettes de l'improvisation : maîtrise des formes et des styles, improvisation libre, jeu à plusieurs, collaboration avec des musiciens de jazz et de musiques du monde, travail avec des acteurs, des vidéastes et des danseurs, accompagnement de films muets.


Manolesco, prince des sleepings Manolescu – Der König der Hochstapler
Victor Tourjansky
Allemagne / 1929 / 111 min / DCP / INT.FR.

Avec Ivan Mosjoukine, Brigitte Helm, Heinrich George.

Un séducteur parisien tombe amoureux d'une femme de la haute société. Il se met à voler pour payer leur vie de luxe, jusqu'à ce que son passé le rattrape.

Quel sujet accrocheur que les frasques de Manolesco, célèbre brigand Belle Époque dont les mémoires ont inspiré par moins de trois films entre 1920 et 1933. Et quel trio d'acteurs ! Le charisme instinctif d'Ivan Mosjoukine rencontre la prestance graphique de Brigitte Helm en une addition sidérante de magnétisme. Face à ce duo, la délicate Dita Parlo, future Juliette de L'Atalante, crée un juste contrepoint. Cette production UFA soigne aussi sa technique, comptant sur l'habile mise en scène de Victor Tourjanski (formé chez Albatros puis Abel Gance) et sur l'image du grand Carl Hoffmann (chef opérateur de Docteur Mabuse le joueur et pour Les Nibelungen). Les décors, multiples, traversent des métropoles luisantes et des montagnes claires. Ce film aurait donc tout du chef-d'œuvre ? Mosjoukine, de retour d'un séjour piteux aux États-Unis, y campe pourtant une figure plus pâle qu'à son habitude. Brigitte Helm, frustrée de son assignation au rôle de vamp, après Metropolis et L'Argent, se pare d'un voile maussade. Et l'image reste discrète, malgré de belles épiphanies (mouvements spectraux, reflets électriques, scène de rêve). Un sentiment de déclin teinte ainsi ce projet fait d'exils malheureux, de carrières descendantes et d'un mode de production sur sa fin. Cependant, en dépit et du fait même de ses fragilités, Manolesco, prince des sleepings est un film résolument poignant et mélancolique, à redécouvrir.

Élodie Tamayo

Restauration en 2018 par la Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung, numérisation en 4K à L'Immagine ritrovata, à partir de deux négatifs d'origine, et de fragments de copies de postproduction. Avec le soutien du Beauftragte der Bundesregierung für Kultur und Medien et du Freunde und Förderer des deutschen Filmerbes e.V.