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Le Paris des années 1980 fut celui des nuits fantômes semées de cadavres citationnels (Godard, Bowie, le punk des Dead Kennedys et tant d'autres spectres), des petits garçons errants comme Denis Lavant dans sa chemise à carreaux trop grande pour lui, et des femmes-corbeaux comme Mireille Perrier ressuscitant par interférences Louise Brooks et Anna Karina. Tourné par le jeune Alex Dupont, dit Leos Carax, à l'âge de 23 ans, Boy Meets Girl annonce d'emblée le programme (« Garçon rencontre fille », la formule de 99 % des films), mais se déroule de la façon la moins programmatique qui soit, tant de chaque plan gagné au coup par coup, et parfois à l'arraché, il n'est jamais possible de prédire le suivant. Le récit se cale sur les allées et venues d'Alex dans un monde de cendres où tous les couples se déchirent – y compris ce vieux couple de cinéma, le son et l'image, qui jouent ici au chat et à la souris. Sur ce, il débarque dans une soirée de zombies mondains et tombe sur un événement nommé Mireille : la beauté en actes. De là viendront et le feu et la mort. Qu'est-ce que la poésie au cinéma ? Ni les mots d'auteur, ni les intrigues signifiantes, ni le folklore féerique, ni les concepts cocasses. La poésie, c'est quand de chaque plan émane une émotion spécifiquement cinématographique : un plan de Paris émaillé de premières fois, les entrailles d'un flipper où la caméra s'engouffre, la vitre brisée d'une cabine téléphonique dessinant un iris translucide. En ce sens-là, Carax est bien le premier et le dernier des poètes.
Mathieu Macheret