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Tourné la même année que le chef-d'œuvre de Stanley Kubrick, Point limite est le faux jumeau, terrifiant, de Docteur Folamour. Au sarcasme kubrickien se substitue une mécanique de la peur, qui fait de l'holocauste nucléaire non plus une vaste farce, mais une probabilité crédible et d'autant plus effrayante qu'elle est relatée avec le souci du plus strict réalisme. Pas d'imposante war room chez Sidney Lumet, pas de Peter Sellers gesticulant, mais au contraire une esthétique à l'os, débarrassée de tout décorum, succession de huis-clos (un poste de commandement militaire, un cockpit, un abri anti-atomique) qui s'achève dans le dénuement le plus total : une table, un téléphone et deux acteurs. Idée géniale : c'est là, dans l'anonymat d'une petite pièce nue, que se joue rien moins que le destin de l'humanité. Et que se déploie la maestria de Lumet. Rôdé à l'exercice – son premier film, Douze hommes en colère, était déjà un modèle de cinéma confiné –, le cinéaste orchestre entre ces quatre murs un suspense ascétique, où le sort de la planète est suspendu à un dialogue téléphonique entre un traducteur (Larry Lagman, vingt ans avant Dallas et le rôle de JR qui le rendra célèbre), le président des États-Unis (impérial Henry Fonda), et son homologue soviétique. À la fois anti-spectaculaire et proprement terrassant, Point limite est un modèle de thriller, un tour de force, dont le dénouement, au montage d'une grande modernité, laisse littéralement exsangue.
Xavier Jamet