Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Présenté en compétition à Cannes en 2008, La Femme sans tête y reçut un accueil chahuté. Et pour cause, ce troisième long métrage de Lucrecia Martel avance à pas feutrés et son propos politique, à l'image de sa protagoniste mutique, reste en arrière-plan, tout en s'immisçant pernicieusement dans le quotidien. La cinéaste filme cette chronique sociale de façon dérobée, dans une démarche anti-spectaculaire assumée, se focalisant uniquement sur son personnage accidenté. Ironiquement, le visage de cette « femme sans tête » est omniprésent, l'absence métaphorique du titre désigne la passivité de Verónica face aux événements qui surgissent. La caméra ne quitte pas l'actrice María Onetto, la dévoile parfois frontalement, isolée par la faible profondeur de champ, ou par le truchement d'une vitre ou de la pénombre d'une pièce, qui rendent palpable cet effacement. Si le drame intime (l'inceste, l'infidélité) est montré, toute la représentation de la société argentine (paupérisation périurbaine, hiérarchie de classes) relève, telle Verónica qui n'a pas vu ce qu'elle aurait dû voir, du domaine de l'inapparent. Dès lors, le récit s'écoule par ce qu'elle entend, c'est tout un paysage sonore (la pluie) et les dialogues, pour la plupart hors champ (l'enfant mendiant), qui dessinent un pays rongé par les inégalités : l'amnésie et l'aveuglement de la bourgeoisie qui détourne le regard face à ses propres privilèges, et les rapports de domination sur lesquels elle prospère.
Loris Dru-Lumbroso