Dialogue avec Alexandra Midal et Matthieu Orléan animé par Bernard Benoliel

samedi 17 décembre 2022, 14h30

Salle Henri Langlois

14h30 17h40 (186 min)

Un crime dans la tête The Manchurian Candidate
John Frankenheimer
États-Unis / 1962 / 126 min / DCP / VOSTF
D'après le roman The Manchurian Candidate de Richard Condon.

Avec Janet Leigh, Frank Sinatra, Laurence Harvey.

Un crime dans la tête sort pendant la crise de Cuba, et précédé d'une rumeur folle : John F. Kennedy aurait appuyé pour que United Artists produise cette adaptation du roman de Richard Condon. Ironie du sort, le film sera plus tard perçu comme une des inspirations de Lee Harvey Oswald. Frankenheimer réunit une distribution trois étoiles – Janet Leigh, qui vient de terminer Psychose, Angela Lansbury en mère manipulatrice et névrosée, et Sinatra, impérial – dans un thriller glaçant, qui voit un soldat américain revenir de la guerre de Corée après avoir subi en captivité un lavage de cerveau. L'intrigue labyrinthique repose sur les quatre piliers de la paranoïa, pouvoir, médias, fantasmes et complot. Frankenheimer enchaîne les séquences hallucinées, joue avec le cadre (plafonds, contre-plongées), et sa mise en scène, abrupte, précise, tutoie l'expressionnisme. Un grand classique du cinéma d'espionnage, qui donnera lieu à un remake signé Jonathan Demme, avec Denzel Washington.


60 min

À la suite de la projection d'Un crime dans la tête de John Frankenheimer

« Dans les deux versions du film Un crime dans la tête (John Frankenheimer en 1962 ; Jonathan Demme en 2004) d'après un roman de Richard Condon de 1959, le personnage principal, le capitaine Marco, qui travaille pour les services de renseignement de l'armée, en proie à des cauchemars récurrents, mène une enquête qui le conduit à découvrir les dérives du lavage de cerveau et de l'emprise mentale. Joué par Sinatra, Marco enquête sur un de ses anciens soldats, le vétéran décoré pour faits d'arme, Raymond Shaw (Laurence Harvey), transformé à son insu en agent dormant. (...) Il est devenu une machine à tuer dépourvue de mémoire, et ses agissements soulèvent une question juridico-philosophique : quelle est la responsabilité d'un individu inconscient de ses actes ? »
Alexandra Midal, Top Secret : Cinéma & Espionnage, La Cinémathèque française/Flammarion, 2022

« Un crime dans la tête est un exemple classique du vieil adage : "Avec ce qui est bon, difficile de faire mieux". Richard Condon a écrit un grand livre [The Manchurian Candidate, 1959]. Tout ce que les critiques louent dans le film est dans le livre : la séquence du rêve, la scène dans le train, le personnage de la mère de Raymond, et bien davantage. George Axelrod a écrit un merveilleux scénario, que j'ai respecté fidèlement. Les acteurs sont formidables. Le chef opérateur, Lionel Lindon, est le meilleur avec lequel j'ai travaillé. En résumé, Un crime dans la tête a été l'une de ces fois où tout s'est bien passé. »
John Frankenheimer

À partir de 18h, la discussion sera suivie d'une signature du catalogue de l'exposition par Alexandra Midal et Matthieu Orléan à la librairie de la Cinémathèque.


Alexandra Midal est co-commissaire de l'exposition Top Secret : Cinéma et espionnage. Elle a réalisé de nombreuses expositions parmi lesquelles Tomorrow Now (Mudam, Luxembourg), Liberty, Equality and Fraternity (Wolfsonian Museum, Miami) ou encore Politique-fiction (Cité du design, Saint-Étienne). Elle a publié des essais, des articles et des livres, notamment Design by Accident: For a New History of Design (Sternberg Press, Berlin) et La Manufacture du meurtre (Zones, Paris). Elle dirige aussi le Design Film Festival, un festival itinérant de films expérimentaux de designers.

Co-commissaire de Wes Anderson, l'exposition, Matthieu Orléan est collaborateur artistique à la Cinémathèque française, chargé des expositions temporaires. Il a notamment été le commissaire des expositions ¡ Almodóvar Exhibition ! (2006), Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood (2008), Le Monde enchanté de Jacques Demy (2013), Gus Van Sant (2016), Vampires (2019), Top Secret (2022) et L'Art de James Cameron (2024).

Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.