The Red Menace

vendredi 30 décembre 2022, 21h00

Salle Georges Franju

21h00 22h30 (87 min)

R. G. Springsteen
États-Unis / 1949 / 87 min / Numérique / VOSTF

Avec Robert Rockwell, Betty Lou Gerson, Barbra Fuller.

Bill Jones, un ex-GI, intègre le Parti communiste américain et tombe amoureux de l'une de ses militantes. Ils se rendent compte progressivement de leur erreur lorsqu'ils voient les chefs du parti assassiner un membre qui remet en question les principes et les valeurs inculqués.

Après la fin du second conflit mondial, alors qu'une guerre froide entre les blocs allait durablement s'installer, Hollywood a contribué à entretenir la propagande anti-communiste, tout à la fois par conviction mais aussi afin de donner des gages aux forces politique de droite, qui menaçaient de s'en prendre à l'industrie du divertissement au nom de la croisade contre les « Rouges ».

Red Menace participe de ce courant, sorte de sous-catégorie du film d'espionnage, assimilant tout membre du Parti communiste à un agent secret au service de l'URSS, tandis qu'une voix off éduque itérativement les spectateurs sur les ruses et méfaits du péril rouge. Red Menace est produit par la Republic Pictures. L'anonyme et prolifique R.G. Springsteen, qui est surtout connu pour ses westerns avec Audie Murphy, en signe la réalisation. Le film atteint à une certaine démence dans son excentricité idéologique. Un GI (Robert Rockwell), vétéran de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement benêt et mécontent de ses conditions de vie après son retour du combat, est approché puis enrôlé par des militants communistes. Il participe à des cours de marxisme plutôt primitifs et à des réunions de cellule. Assez bizarrement écrit, le film délaisse ce personnage falot en cours de route pour s'attacher aux membres du groupe qu'il a rejoint. Un groupe qui se délite progressivement sans l'intervention d'un quelconque héros ou du FBI, ce qui tendrait à prouver par l'absurde que le principal ennemi du militant stalinien américain est lui-même. Plusieurs de ses membres en sont, en effet, exclus pour déviationnisme, et les insultes fusent au cours de ces réunions où l'on se fait traiter de trotskyste, ce qui ne doit pas arriver souvent dans un film hollywoodien. Red Menace vaut ainsi par le milieu particulièrement exotique décrit et par son ambiance paranoïaque. « You can't suspect everybody » constate, avec justesse, un des personnages, dès les premières minutes. En effet. L'actrice Betty Lou Gerson fait ses débuts dans le rôle d'une impitoyable commissaire politique. La crise d'hystérie qu'elle pique dans les bureaux des services de l'immigration venus contrôler son identité reste un des clous du film, qui se solde par une constatation définitive émise par le policier qui l'interroge : « psychopathe ». Elle fera une carrière prolifique à la télévision. C'est aussi la voix de la méchante Cruella dans Les 101 Dalmatiens produits par les studios Disney en 1961.

Jean-François Rauger