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Numérisation 4K et restauration 2K réalisées au laboratoire Hiventy à partir des négatifs originaux image et son. Restauration par la Cinémathèque française et A17 avec le soutien du CNC, en collaboration avec les Archives audiovisuelles de Monaco, la Cinémathèque suisse et Extérieur Nuit.
Michel, l'un des trois jeunes personnages principaux d'Adieu Philippine, travaille à la télévision. Il tire des câbles pendant les directs pour que les caméras puissent passer : suivre un fil, puis un autre, puis faire une pause ou tout envoyer paître, c'est son quotidien autant que l'énergie qui sous-tend le film entier. Avec ses longues promenades et ses brusques ellipses, le premier long métrage de Jacques Rozier est un art réjouissant des pleins et des déliés, des sauts et des phrasés, un joyau Nouvelle Vague qui épouse l'insouciance de son trio en le creusant de notes cruelles ‒ il suffit de quelques guêpes sur une plage caillouteuse pour incarner ce que la vie a d'insupportable. Suivre une fille, Liliane, puis une autre, Juliette, métamorphose le marivaudage estival en vaste chorégraphie, et ici chacun danse, Liliane et Juliette ne se séparant jamais malgré leurs querelles et leurs jalousies, comme Michel refuse de choisir entre elles. Mais l'insouciance n'est jamais loin de la « sécheresse de cœur », tout cela épousant par ailleurs en détails l'air d'un temps duplice fait de télévision et de publicités, où l'on va de la côte Corse à la guerre d'Algérie en passant par un Club Méditerranée. Adieu Philippine évoque la drôlerie improvisée des fictions de Jean Rouch en même temps que les amertumes de Monika d'Ingmar Bergman, et préfigure quelques duos féminins de Jacques Rivette : car si Liliane et Juliette traversent un monde bien moins enchanté que celui de Céline et Julie, elles le font avec une même fidélité admirable, jusque dans l'adieu.
Cyril Béghin