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Avec L'Oiseau au plumage de cristal, premier opus de sa « trilogie animale », Dario Argento se lance dans la réalisation en réinventant le film policier, ou giallo. Suspense, scènes baroques, meurtres stylisés jusqu'à l'excès, gants et poignards en guise de fétiches, sont autant de codes qu'il manie avec aisance. La résolution de l'énigme (une image vue mais mal comprise) renvoie à un moment postmoderne d'une déconstruction de l'image. Sorti opportunément en 1969 alors qu'un tueur en série terrorise l'Italie, le film enthousiasme le public. Doucement porté par la partition d'Ennio Morricone, discrètement teinté d'humour, L'Oiseau au plumage de cristal abonde en références cinéphiles, et particulièrement à Hitchcock. Argento assume allègrement la filiation, enracinée dans un souci du détail proche de l'obsession. Tout en popularisant le genre, il pose les jalons de son œuvre et offre au spectateur une quête visuelle, mémorielle, qui, dans ses accents antonioniens, préfigure son chef-d'œuvre, Profondo rosso.
Hélène Lacolomberie