Surtout connue pour avoir réalisé le « premier » film impressionniste, La Fête espagnole (1919), le premier film « féministe », La Souriante Madame Beudet (1923), et le premier film surréaliste, La Coquille et le Clergyman (1927), Germaine Dulac, cinéaste des avant-gardes des années 1920, a réalisé près d'une trentaine de films de fiction, ainsi que de nombreux documentaires et actualités. Théoricienne, elle a plaidé par ses films, comme dans ses écrits, pour un « Cinéma pur ». Cette conférence visera à faire un portrait de Dulac en cinéaste, à décrire son évolution du figuratif à l'abstrait, mais aussi à s'interroger sur les origines théâtrales de « l'impressionnisme dramaturgique » et l'influence de la scénographie symboliste, ceci afin d'apporter un regard renouvelé sur les avant-gardes cinématographiques des années 1920.
Tami Williams est professeure d’études cinématographiques à l’université du Wisconsin-Milwaukee, et présidente de Domitor, l’association internationale de recherche sur le cinéma des premiers temps. Elle est l’autrice de Germaine Dulac: A Cinema of Sensations (2014) et coéditrice de Germaine Dulac : Qu’est-ce que le cinéma ? (2019, Prix du livre de cinéma du CNC en 2020).
En 1918, sort sur les écrans français Âmes de fous, quatrième long-métrage de Germaine Dulac. Ciné-roman en 6 épisodes, le film évoque les tourments d'Irène de Sombreuse en proie à une terrible malédiction... et à une belle famille avide de ses richesses !
Comme beaucoup de ses contemporaines, cette œuvre, après quelques années d'exploitation, disparaît des écrans et des mémoires.
En 2017, six fragments du film sont retrouvés dans les archives de EYE Filmmuseum à Amsterdam (collection Van Liemt). Jusqu'alors considéré comme perdu, Âmes de fous nous révèle quelques-uns de ses mystères. Mais que faire de ces 3 minutes éparses d'une œuvre à l'origine longue de plus de trois heures ?
À l'aide du scénario original (et de ses variantes), de photographies de plateau, d'articles de presse, d'un livret promotionnel et des fragments numérisés, Émilie Cauquy et Clément Lafite ont tenté de reconstruire ce film, sous forme d'une lecture théâtralisée accompagnée en musique. À mi-chemin entre la performance artistique et la rigueur archivistique, cette adaptation libre d'Âmes de fous rend hommage à l'œuvre de Germaine Dulac, à ses débuts derrière la caméra et veut interroger notre rapport aux lacunes, aux fragments, à l'absence d'images qui jalonnent notre connaissance de l'histoire du cinéma.
En coopération avec Eye Filmmuseum (remerciements à Elif Rongen-Kaynakçi).
À l'issue de la séance, Clément Lafite et Tami Williams signeront à la librairie de la Cinémathèque l'ouvrage sur Germaine Dulac et Marie-Anne Colson-Malleville qu'ils ont publié en 2019 : Qu'est-ce que le cinéma ? (Éditions Light Cone, Prix du livre cinéma 2020 du CNC).
Prosper Hillairet, auteur aux éditions Paris expérimental de Passages du Cinéma (2021) et des Écrits sur le cinéma de Germaine Dulac (réédition 2021), sera également présent à cette signature.
Émilie Cauquy est cheffe de projet de la plateforme HENRI, responsable de la valorisation de la collection film à la Cinémathèque française, inventrice de projections augmentées sous la forme de ciné-spectacles et programmatrice invitée pour le festival Il Cinema Ritrovato à Bologne.
Clément Lafite est archiviste film à la Cineteca nazionale / Centro sperimentale di cinematografia (Rome). En 2019, il a dirigé avec Tami Williams la publication de l'ouvrage Qu'est-ce que le cinéma ? pour les éditions Light Cone.
Batteur, auteur et compositeur, Adrien Leconte se produit sur la scène jazz avec de multiples projets, Récif, qu'il coproduit avec la chanteuse Marie Mifsud, ainsi que LLduo avec lequel il obtient le Prix de soliste à l'European Jazz Contest 2018 à Rome. En constante créativité et au service de l'improvisation, il travaille actuellement autour du répertoire des Beatles (Pepper 4et) et sur un duo de percussions avec la danse hip-hop (Energizer).
Conférence suivie d'une lecture théâtralisée.