Démons

vendredi 15 juillet 2022, 19h00

Salle Georges Franju

19h00 20h30 (90 min)

Démons Dèmoni
Lamberto Bava
Italie / 1985 / 90 min / 35mm / VF

Avec Urbano Barberini, Natasha Hovey, Karl Zinny, Fiore Argento.

Invités à l'avant-première d'un film d'horreur, des spectateurs sont contaminés par des effluves maléfiques et se transforment en monstres sanguinaires.

On doit à Dario Argento producteur, un diptyque étonnant, codicille inespéré d'un cinéma d'horreur transalpin alors en voie de dégénérescence accélérée. Réalisés respectivement en 1985 et 1986 par Lamberto Bava, écrit par lui-même, Dario Argento et l'inépuisable Dardano Sachetti, Démons et Démons 2 sont construits sur un dispositif ludique et post-moderne. Un groupe d'individus, enfermés dans un lieu clos, est attaqué par de hideuses créatures, transformant tous ceux qu'ils mordent en monstres sanguinaires. Les deux titres peuvent se voir d'abord comme un jeu sur les conventions de l'épouvante moderne. Le modèle initié par George Romero avec sa Nuit des morts vivants revient ici sous une forme baroque et tonitruante, porté par une musique rock composée notamment par Claudio Simonetti (pour le premier chapitre) ou Simon Boswell (pour le second) et divers groupes célèbres. Les deux films furent tournés en partie en Allemagne (Berlin et Hambourg) en fonction, sans doute, des exigences de la coproduction.

Dans le premier volet, divers personnages sont invités à une projection mystérieuse dans une gigantesque salle de cinéma, construite sur le modèle du théâtre à l'italienne. Celle-ci deviendra un piège pour les cinéphiles égarés. Dans le second, ce sont des créatures surgies d'un téléviseur qui s'en prendront aux résidents d'un immeuble moderne dont ils ne peuvent plus sortir. Les trouvailles macabres s'enchaînent déclenchant chez le spectateur cette transe si particulière provoquée par l'imagerie gore. Il est évidemment facile de voir ces deux films de Lamberto Bava comme un commentaire ironique et allégorique sur l'état d'alors du cinéma italien lui-même. À la destruction programmée de la salle de cinéma, littéralement ravagée dans Démons, répond l'invasion télévisuelle dans le second titre. Les monstres sont ceux qui ont saccagé le plus beau cinéma du monde pour se soumettre à la modernité de la culture aseptisée du petit écran. Bref, la fin de tout. L'apocalypse.

Jean-François Rauger