Plan Vigipirate Urgence attentat
En raison des ralentissements liés aux contrôles de sécurité à l’entrée du bâtiment, nous vous conseillons d’arriver 30 minutes avant le début de votre séance, les retardataires ne pouvant être acceptés en salle. Nous vous rappelons que les valises et les sacs de grande taille ne sont pas acceptés dans l’établissement.
Restaurations 4K, financées par Kadokawa Corporation pour Daiei, réalisée par le laboratoire Cineric au Portugal. Sortie en vidéo en 2022.
À quoi rêve encore le Japon ? C’est la question que se pose Yuzo Kawashima pour son premier travail dans les studios de la Daiei. La lumineuse Ayako Wakao construit ici son personnage de « geisha sans art » comme un corps qui se réinvente à chaque nouveau client. Tour à tour maternelle ou infantile, elle donne l’illusion de s’accorder aux désirs des hommes tout en poursuivant son cheminement personnel sans romanesque superflu. Les femmes naissent deux fois est une mosaïque de séquences rarement liées les unes aux autres, et maintenant toujours la dimension psychologique à juste distance. La structure déroutante du film épouse des contours expérimentaux : la musique se résume à une série de modulations discordantes, et les nombreux décadrages restituent plastiquement le dérèglement de cette société plus soucieuse de montrer sa supériorité économique que de révéler ses sentiments. Réflexion sur la frivolité d’un monde mis à nu par l’acuité anatomique du regard, l’œuvre brode avec une grande sensibilité, et une approche presque entomologique, le quotidien d’une dame de réconfort ainsi que ses évolutions dans le consumérisme cynique caractérisant les années 1960. La maison de tolérance, déguisée en maison de geisha, est jumelée au très controversé sanctuaire du Yasukuni que l’on sait construit pour célébrer la mémoire des soldats morts pour l'Empereur, ce qui vient également inclure les âmes des criminels de la dernière guerre. À travers les yeux de la jeune femme, le lieu devient le réceptacle de la défaite non seulement militaire, mais également morale de son propre pays.
Clément Rauger