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Tout en se référant implicitement à l’origine du spectacle cinématographique, en tant qu’attraction foraine au même titre que la radiographie, les premières images de Film ist. sont accompagnées de parole. Un bonimenteur, passé aux rayons X, annonce le mouvement qui s’opère. Le lancement se poursuit, cette fois figuré par un discobole libéré de son inertie tant statuaire que chronophotographique. Ainsi s'enchaînent les séquences dont les images véhiculent un réseau de sens à la fois cognitifs et poétiques. La lumière et l’obscurité appréhendées dans leur dimension cosmique se font l’écho de la répartition de l’émulsion opaque sur la bande transparente du support. Comme un éclair dans la nuit, la rayure profonde et verticale parcourant l’image révèle ce dispositif qu’on ne voit plus. Les photogrammes qui se suivent, la fixité qui échappe à l’œil, un reflet net qui disparaît à la surface d’une eau devenue trouble : Gustav Deutsch déroule son inventaire de citations métaphoriques pour définir au plus juste la matière, le mécanisme, l’événement cinématographiques. Il remonte jusqu’au récit des origines du monde pour évoquer un théâtre d’ombres qui a toujours existé, et qui n’attendait plus que le cinéma pour être révélé sur une pellicule photochimique.
À l’instar d’un radar ou de la lumière giratoire d’un phare balayant un paysage nocturne, Gustav Deutsch sonde tous les phénomènes physiques concourant au postulat : film ist.
Mehdi Taïbi