Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Existe-t-il une entreprise plus périlleuse qu'une comédie musicale sur des airs de Cole Porter au beau milieu des années 1970 ? L'Amérique ne s'en soucie guère, les temps penchent pour le réalisme débridé du Nouvel Hollywood dont Peter Bogdanovich est l'un des pionniers. Le cinéaste de La Dernière séance n'en est pas moins amoureux d'un âge d'or dont il a tenu la chronique quand il était journaliste, et comme il a le vent en poupe, pourquoi ne pas se laisser porter ! Enfin l'amour est un projet dingue, totalement anachronique, un hommage aux films chantés des années 1930, ceux d'Ernst Lubitsch en particulier, comme Le Lieutenant souriant avec Maurice Chevalier. Peter Bogdanovich a écrit cette comédie romantique pour sa compagne Cybill Shepherd, qu'il jette dans les bras d'un joli cœur inattendu, Burt Reynolds, abonné au succès dans les films d'action virilistes. Le cinéaste prend tous les risques, poussant ses acteurs à chanter eux-mêmes, en prise directe, dans les costumes raffinés et les décors miroitants d'un New York des Années folles. Au gré des tourbillons d'une mise en scène et d'une chorégraphie stylisées, il veut s'amuser d'un genre en même temps qu'il lui déclare sa flamme. Ni le public, ni la critique ne le comprennent alors. Enfin l'amour ne fait que passer sur les écrans et prendrait encore la poussière si un employé de la Fox, amateur de Cole Porter, ne s'était mis en tête d'en monter une nouvelle version sans demander l'avis de personne. Peter Bogdanovich l'a découverte par hasard, sur le petit écran, et s'est dit bouleversé par l'équilibre et le rythme que son film avait gagnés.
Laurent Rigoulet