Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Après des années de travail à la télévision, Wong Kar-wai a la possibilité, en 1988, de tourner son premier film au cinéma. Il propose As Tears Go By, un scénario qui s'inspire de la trame de Mean Streets de Martin Scorsese, et dans la veine des films de gangsters remis à la mode par John Woo deux ans auparavant, avec le succès du premier Syndicat du crime. Wong emprunte au premier le réalisme crasseux et le rapport de protection entre le héros et son acolyte ; au second, la violence inouïe, la relation quasi amoureuse entre les deux hommes. On peut voir dans ce film le style embryonnaire de Wong dans un ensemble plus conventionnel. Des plans qui reviendront par la suite : comme celui où Wah choisit un disque au jukebox. Take My Breath Away, repris en cantonnais, se répète alors tout au long de la séquence, comme un prélude à son utilisation obsessionnelle de certaines chansons. De même, les scènes dans un ralenti impressionniste qui atteindra sa perfection dans l'ouverture de Chungking Express, ou le magnifique fondu au blanc lors du premier baiser entre Wah et Ngor. C'est aussi dans ce film qu'il fait tourner pour la première fois Maggie Cheung et la révèle dans sa fragilité, loin des rôles superficiels de girl next door des comédies qu'elle enchaînait alors. À l'image de son actrice, le film est comme une chrysalide, un entre-deux stylistique, parfois mal dégrossi, parfois dans le stéréotype, mais traversé de fulgurances annonciatrices du « style Wong Kar-wai » en devenir.
Wafa Ghermani