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Restauration 2K à partir des éléments source chez Eclair, avec le soutien du CNC.
Après avoir brillamment transposé Pirandello, Dostoïevski ou Jack London, Pierre Chenal est tout d'abord peu inspiré par ce sujet de mélodrame exotique à la mode. Il se laisse finalement séduire par l'idée de diriger la captivante Viviane Romance. Avec son scénariste Jacques Companeez, il transcende les clichés du genre, infuse son fatalisme dans les coïncidences les plus improbables et distille ses motifs de prédilection : identités multiples, disparitions et déracinement, manigances de maîtres-chanteurs... On retrouve ici tout l'art du cinéaste, esthète discret et maître de la rupture de ton, merveilleusement servi par la photo irréelle et somptueuse de Curt Courant. Plus que Louis Jouvet, qui joue ici brièvement le rôle de crapule suave que Chenal réservait d'ordinaire à Robert Le Vigan, ce sont Jany Holt, bouleversante en tubarde nostalgique, et Marcel Dalio qui apportent au film sa singulière mélancolie. Ce dernier révèle ici une sensualité inédite, déclinée en mode aristocratique chez Renoir l'année suivante. Bien que relégué en second rôle au générique, il domine un casting de rêve (Aimos, Fréhel, Pierre Renoir, Gaston Modot...) que Chenal, brillant chef d'orchestre, harmonise avec un rare doigté. Un chef-d'oeuvre plus tard (Le Dernier Tournant, première et magistrale adaptation du Facteur sonne toujours deux fois de James Cain), Chenal, né Cohen, doit quitter la France à l'aube des années 1940, pour l'Argentine. Il reviendra avec un métier intact, mais une audace amoindrie.
Emmanuel Voisin