Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
C'est dorénavant bien connu, sur cette Terre, tout le monde a ses raisons. Les intérêts divergent, les sentiments se heurtent. En somme, se dessinent autant de trajectoires qu'il y a de cœurs engagés dans la partie. Et ce n'est pas faute, pour Jean Renoir, d'avoir aligné des pièces sur le plateau de La Règle du jeu. Avec une fluidité narrative incomparable, le cinéaste expose en une demi-heure la géopolitique amoureuse des forces mondaines et domestiques en présence, avant de toutes les convoquer, sur sol carrelé à damier, pour une deuxième mi-temps cataclysmique. Privilégiant l'explosivité et la haute voltige, Jean Renoir préfère les dames aux échecs. Il suffit alors d'un pion avancé pour que la mécanique s'emballe et que la riposte fuse dans un étourdissant marivaudage. À coups de travellings passe-murailles et de portes ouvertes à l'arrière-plan, Renoir n'a de cesse d'ouvrir la perspective, de renouveler l'espace, à la manière d'un enfant qui ne voudrait pas voir le jeu s'arrêter, pressentant que le retour au réel marquera la fin de quelque chose. Nimbés de cette inconséquence sublime, les invités de la luxueuse demeure gagnent ainsi le droit de se vouer, pour l'éternité, aux affaires très sérieuses de l'amour. Mais gare à ne pas quitter les lumières de la scène car, au dehors, dans la nuit de la guerre, les balles tuent les acteurs et, avec eux, l'innocence du monde d'avant.
Nicolas Métayer