Sous le signe du vaudou

mercredi 30 mars 2022, 21h00

Salle Jean Epstein

21h00 22h35 (95 min)

Pascal Abikanlou
Bénin / 1974 / 95 min / DCP

Un jeune homme néglige les offrandes rituelles aux divinités vaudou et déclenche leur colère. Sa famille en subit les conséquences, et il part en ville chercher une solution pour conjurer le mauvais sort.

Numérisation et étalonnage réalisés en 2020 par la Cinémathèque française en coopération avec le laboratoire du CNC, d’après une copie d’exploitation unique 35mm confiée par l’Organisation internationale de la Francophonie. Si le son du film est très bien conservé, la qualité photographique est malheureusement dénaturée, l’étalonnage numérique a permis de retrouver quelques couleurs d’origine.


Sous le signe du vaudou n’est pas le premier film tourné au Bénin : en 1967, Peter Glenville y plante l’adaptation des Comédiens de Graham Green pour dénoncer la dictature de Papa Doc en Haïti. Du Dahomey à Hispaniola, le convoité « minerai noir » dépeint par René Depestre transporte sa charge ésotérique : le vodoun. Mais si le vodoun est une mémoire plutôt qu’un pays, il trouve sa source dans ce Golfe de Guinée, comme le Dahomey. Traversant les affres de la décolonisation et des coups d’état successifs, à la veille de sa période marxiste-léniniste, Abikanlou réalise le premier long métrage de fiction de l’histoire du pays, sur ce qu’il a de plus incongru : l’identité vaudou, aux antipodes de la modernité et des idées révolutionnaires qui la sous-tendent.
C’est toute la force du film que de traduire les tensions entre tradition et modernité, entre ruralité et urbanisation galopante de cette jeune Afrique, qui cherche sa voie au lendemain des indépendances. « Père du cinéma béninois », Abikanlou ouvre la voie (ou la voix) du cinéma et du pays lui-même avec ce film, véritable blockbuster. Les jeunes premiers comme Gratien Zossou (désormais merveilleux peintre) deviendront des vedettes nationales, inspirant des générations, et le chef opérateur Akala Akambi aura une carrière vibrante avant les ajustements structurels du FMI. Avec ce portrait d’une Afrique en 1970, Pascal Abikalou réussit à traduire la complexité de cette société, son rapport à la spiritualité, et sa visibilité.

Adrien Guillot