Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauration en collaboration avec la National Film Archive of Japan, où un élément nitrate presque complet du film a survécu. Erreurs de montage corrigées et scènes manquantes complétées grâce à la Deutsche Kinemathek et la Cinémathèque française. La musique originale du film pour orchestre a pu être reconstituée.
Sylvester s’appuie sur un scénario de Carl Mayer, dont l'ambition était d'écrire des films sans avoir recours à des intertitres. Les subtils changements dans les expressions des comédiens, les mouvements de caméra et une scénographie soignée devaient suffire à faire passer les émotions des personnages.
Les deux décors offrent un réel contraste : le petit restaurant qui abrite la tragédie familiale, et, dehors, la ville, où la vie continue. Pourtant, la ville n’est pas seulement le Umwelt (l’environnement) - ainsi nommé par Lotte Eisner dans L’Écran démoniaque -, elle est un être vivant à part entière. La caméra fluide de Guido Seeber apporte une vraie dimension dramatique aux extérieurs, et la partition originale de Klaus Pringsheim vient renforcer cette impression. « La rue devient un paysage sur lequel sont projetés les sentiments intérieurs du protagoniste », analyse avec justesse l’historien du cinéma Hiroshi Komatsu. Au cours de ses recherches, Julia Wallmüller, la restauratrice du film, a pu découvrir la composition de Klaus Pringsheim - alors directeur musical des théâtres de Max Reinhardt. Sa musique n'a probablement plus jamais été jouée après les toutes premières représentations. Mais les annotations dans la partition ont permis de reprendre le montage du film, et, près de cent ans plus tard, l'image et le son ont pu être de nouveau réunis pour enfin former l’œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk), telle qu’imaginée.
Martin Koerber