Der Katzensteg

dimanche 3 avril 2022, 11h00

Salle Jean Epstein

11h00 13h05 (124 min)

Gerhard Lamprecht
Allemagne / 1927 / 124 min / DCP / INT. FR.

Avec Lissy Arna, Jack Trevor, Andreas Behrens-Klausen.

Le baron von Schranden, partisan de Napoléon, force sa femme de chambre à conduire les troupes françaises à travers Katzensteg, pour décimer un corps de volontaires prussiens.

Les deux négatifs originaux, l'un destiné à la distribution internationale et l'autre au marché allemand, ont été perdus. Seul un tirage 16 mm de la version allemande a survécu dans la collection privée de Gerhard Lamprecht. Des copies nitrate 35 mm de la version internationale ont survécu dans les collections de Jugoslovenska Kinoteka, Belgrade, et Národní filmový archiv, Prague. Restauration à partir des images des trois sources. Nouvelle partition composée en 2020 par Richard Siedhoff, avec Richard Siedhoff au piano, et Mykyta Sierov au hautbois.


L'officier Boleslav von Schranden a connu la trahison au sein même de sa famille : pendant la guerre de Prusse contre Napoléon, son père a pris le parti de l'ennemi français. L'Anglais Jack Trevor interprète avec une froide dignité ce personnage, rejeté par les habitants de son village malgré ses mérites patriotiques. Lorsqu'il revient enterrer son père, après des années d'exil, il rencontre une âpre résistance. Il se retire dans le château familial en ruines, auprès de la servante Regine, elle aussi traitée comme une paria en raison de son implication dans la trahison. Boleslav ne lutte pas seulement contre les préjugés des villageois, il passe outre les lois morales de son époque et agit selon sa propre conscience. Il s’oppose aux règles de l'Église, mais aussi à la moralité hypocrite du village. Avec ce mélodrame d'époque, Lamprecht remet en question le nationalisme et l'obéissance aveugle. Der Katzensteg évite tout pathos ou kitsch patriotique, grâce au jeu nuancé des comédiens : la mise en scène de Lamprecht se dispense des poses dramatiques propres aux acteurs des premiers films muets, et se concentre sur des gestes infimes : le tressaillement d'une paupière, le mouvement d'un doigt suffisent à traduire les émotions intérieures des personnages. Et il y a quelque chose de profondément moderne dans ce récit à la tension subtile, qui n'a, aujourd’hui encore, rien perdu de son impact.

Martin Koerber et Andres Veiel