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Restauration en 1989 par la Cinémathèque française avec le concours du Musée d’Orsay à partir de trois copies diacétate et nitrate incomplètes issues des collections de la Cinémathèque. Travaux argentiques supervisés par Philippe Esnault et Renée Lichtig.
Tourné en 1919, Mademoiselle de la Seiglière, d’après le roman de Jules Sandeau, est le premier film qu’André Antoine réalise intégralement en décors naturels, au château de Rochefort-en-Yvelines. Davantage qu’une toile de fond, les intérieurs et les jardins s’imposent dans leur ensemble comme une entité dramatique. Le château cristallise les convoitises foncières et incarne la source des tiraillements entre les Stamply et les nobles déchus de leurs privilèges. C’est un lieu investi, disputé, voire partagé, par les personnages qui mènent ou sont menés par l’intrigue. Son étendue et sa disposition permettent une interprétation et une circulation libres, qu’Antoine utilise habilement. Il joue sur la profondeur de champ, tout en composant avec celle des sentiments qui parfois, motivés par des conventions sociales, échappent au libre arbitre. En adoptant un ton (faussement ?) léger et en inventant un langage cinématographique, Antoine questionne le caractère humain. L’épilogue, teinté d’amertume, nuance avec ironie la prétendue fin heureuse. Un contrat signé dans la salle de chasse, puis un face-à-face aux échecs entre Bernard Stamply et le marquis divulguent la clé du drame, tandis que le visage d’Hélène, en raccord dans le cadre, rejoint tour à tour les trophées sur les murs et les pions sur le damier.
À la sortie du film, le 4 mars 1921, les critiques sont particulièrement séduits par son caractère novateur, le jeu des acteurs, et le recours exclusif à des décors naturels.
Mehdi Taïbi