Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauration en 4K par le Hungarian Film Institute – Filmarchive & Filmlab, sous la supervision de Béla Tarr.
Premier long métrage de Béla Tarr, Le Nid familial dessine, dans la Hongrie communiste de la fin des années soixante-dix, le portrait d’une famille ouvrière élargie, qui cohabite avec peine dans un appartement étriqué. La caméra du jeune cinéaste, tenue à l’épaule, se glisse entre les corps contraints par le manque d’espace, et capte les explosions langagières qui se déchaînent lorsque les situations de promiscuité atteignent l’intolérable. Dès les premières scènes du film, le père, en maître du lieu, critique sa belle-fille Irén, à qui il reproche de dépenser déraisonnablement son salaire, alors qu’il la loge gratuitement. Son fils Laci, de retour du service militaire, se range derrière les mots d’ordre de ce père despotique qui, un jour d’exaspération, finit par chasser Irén de l’appartement. Béla Tarr livre avec Le Nid familial un réquisitoire implacable envers les carences d’une politique de logement bureaucratique qui place les requérants dans une situation d’attente et de dépendance sans fin. Avec un humanisme rageur, le cinéaste en colère inscrit les ravages de la situation sociale et politique dans l’état des corps, dans la dynamique expressive des faciès, dans les injonctions verbales irritées, plaintes directes et murmures lourds. Béla Tarr filme l’usure psychique qui rend le quotidien inhabitable et décuple les rapports de domination entre les sexes : quand l’homme décide, vitupère et accuse, la femme subit. La cellule familiale se transforme peu à peu en cloaque violent.
Corinne Maury et Sylvie Rollet