Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Sept ans après Passe montagne, Stévenin prend de nouveau la tangente, tourne hors de tout circuit, des formules toutes faites, ignorant ce qui se fait ou non, avec Cassavetes et Monte Hellman comme figures tutélaires. Si Passe montagne est son Husbands, alors Double messieurs est son Macadam à deux voies. Soit au départ une nouvelle histoire de fugue, où deux dadais rêveurs partent sur le chemin de leur enfance. Mais avec Carole Bouquet, le programme se modifie. Exit le film de mecs, Stévenin jette le dernier tiers du scénario et décide que c'est elle qui va tirer l'histoire. Il a trouvé l'étincelle, le virage inattendu qui emporte son film encore ailleurs. Virage ou visage, la beauté glacée de la comédienne détonne dans le film et le force à se plier à sa présence. C'est elle qui pousse Stévenin à tourner des scènes qu'il n'a plus envie de faire ou qu'il évite. Lui a lâché prise, il se laisse porter par elle, et elle par le film, qui s'invente presque en direct. « Je suis désolé... », c'est tout ce qu'il arrive à sortir dans la magnifique scène de l'hôtel. On ne sait si c'est le personnage de François qui parle ou si c'est le cinéaste qui s'excuse auprès de son actrice bouleversée par cette mise en danger. Séquence magnifique, qui tient sur un fil, où l'on sent les deux acteurs à deux doigts de tomber, mais ils tiennent, avancent, s'accrochant l'un l'autre pour tenir la scène tout en haut, là où le cinéma classique ne peut grimper, là où la vie rejoint complètement sa mise en fiction cinématographique.
Oliver Bitoun