Dédiée « à tous ceux qui sont venus de loin pour nous enrichir », cette comédie énergique et politique de Brigitte Roüan repose sur un casting éclectique, qui réunit à l’écran des acteurs non professionnels interprétant les ouvriers sans-papiers, et les talentueux Carole Bouquet (Chantal, l’avocate), Jean-Pierre Castaldi (l’amant lourdaud), Martial Di Fonzo Bo (l’architecte), Aldo Maccione (le carreleur) et Hugh Grant, dont l’apparition anecdotique clôt le récit.
La cinéaste a déjà réalisé deux longs métrages (Outremer en 1989, et Post coïtum animal triste en 1996) lorsqu’elle écrit et tourne Travaux, en 2004. Inspiré de sa propre expérience, de son goût pour la Colombie, de son combat pour les sans-papiers, son film est également ponctué de références artistiques. Aux contes d’abord, puisque Chantal incarne tantôt une Blanche-Neige entourée de ses sept ouvriers, tantôt une Mary Poppins dotée d’un réjouissant pouvoir de télékinésie. À la comédie musicale hollywoodienne aussi, avec les nombreuses scènes chantées et dansées, écrites par Stephen Warbeck, qui ajoutent au charme de cette œuvre engagée. Le film est tourné à Paris, dans une ancienne usine de textile abritant le décor évolutif d’un appartement haussmannien transformé chaque jour, pour la conception duquel le décorateur Guy-Claude François s’est inspiré de l’architecte mexicain Luis Barragán.
Quelques mois avant la présentation du film à Cannes, en 2005, le producteur Humbert Balsan s’est suicidé. Travaux lui est dédié.

Marion Langlois