Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Scindé en deux parties, Le Jour des idiots dévoile, dès ses premières minutes, la silhouette agitée d’une jeune femme éprise d’un homme indolent. En habile directeur d’actrices, Werner Schroeter orchestre plusieurs scènes qui permettent à Carole Bouquet d’incarner différents états du corps en crise. Dans une brasserie, l’actrice ingurgite nerveusement et à toute vitesse trois cafés, pour laisser la crème et le rouge de ses lèvres maquillées contaminer progressivement son visage. Avec sa longue chevelure et son regard myope, elle incarne le désespoir amoureux sans objet. Certes, un homme apparaît en contrechamp de son mal-être, mais celui-ci, par son inertie, fait d’elle un trou noir qui n’existe que pour lui-même. Avec ce film, Schroeter poursuit ses expérimentations warholiennes en transformant l’asile psychiatrique en empire du simulacre, où les patientes peuvent véritablement exprimer leurs talents d’actrices. La lumière artificielle violente et clignotante émanant des fenêtres de l’institution brouille les pistes temporelles, au point de donner à voir, dans le huis clos de la deuxième partie, une succession de saynètes à la gloire de ses héroïnes féminines : en plus de Carole Bouquet, le cinéaste retrouve Magdalena Montezuma et Ingrid Caven. Démultipliant les séquences avec miroirs, il laisse le grand cirque de la représentation se déployer par le biais de plans décadrés, du bruit permanent des femmes marmonnant et de la musique, toujours prégnante dans ses films.
Sarah Ohana