Un steack trop cuit

jeudi 23 septembre 2021, 21h45

Salle Jean Epstein

21h45 23h30 (102 min)

Luc Moullet
France / 1960 / 19 min / 35mm

Avec Françoise Vatel, Albert Juross, Jacqueline Fynnaert.

Livrés à eux-mêmes, un frère et une sœur se disputent un repas frugal préparé par la jeune fille.

Premier film de Luc Moullet, Un steack trop cuit – ont le titre est un clin d'œil à Charlotte et son steak d'Éric Rohmer – voit le jour grâce à Jean-Luc Godard. Critique pour les Cahiers du cinéma lors de la sortie d'À bout de souffle, Luc Moullet lui consacre un texte dithyrambique, fort apprécié par Godard. Pour le remercier, le réalisateur lui fait rencontrer son producteur, Georges de Beauregard, qui lui propose de l'aider à monter son court métrage. Entre citations de Kant, langage fleuri et décor minimaliste, le jeune cinéaste dirige ici son propre frère, Albert Juross, et Françoise Vatel qu'il retrouvera, cinq ans plus tard, dans Brigitte et Brigitte. Avec, déjà, une liberté formelle et thématique étonnante, Luc Moullet filme, de la cuisine au salon, la chaleureuse harmonie de son duo d'acteurs, un frère et une sœur lancés en pleine chamaillerie verbale. Dans ce puzzle d'images aussi piquant que tendre, Luc Moullet se permet même un facétieux caméo où il se déguise, prenant les traits de Godard, et regarde sa comédienne déchirer un exemplaire des Cahiers. De critique à metteur en scène, une page se tourne à l'écran au sein d'une boucle fantaisiste qui impose la singularité de son futur style.


Luc Moullet
France / 1992 / 83 min / Numérique

Avec Brigitte Canaan, Rémy Henri, Claude Melki.

Les participants d'une course cycliste se lancent dans l'ascension du col du Parpaillon, dans les Hautes-Alpes.

Reconnu comme l'un des cols les plus difficiles des Alpes du Sud, le Parpaillon a abrité, durant vingt ans, un rallye annuel rassemblant des dizaines de cyclistes amateurs. Sept ans après la disparition de cet événement, Luc Moullet le met en scène dans un long métrage qui flirte avec le documentaire où ses passions de la montagne et du vélo se rencontrent enfin. Construit tel un hommage discret à Alfred Jarry, Parpaillon montre toute la réalité et la complexité d'un sport partagé entre vifs élans de solidarité et compétition acharnée. À travers une galerie de personnages pittoresques, le cinéaste crée un troublant miroir de notre société en croquant des héros à la fois fragiles, narcissiques et altruistes. Luc Moullet cherche toujours à dénoncer mais il conserve, de bout en bout, une affection profonde pour des protagonistes qu'il regarde avec tendresse et dérision. De découvertes en retrouvailles, la finesse des dialogues et des situations démontre l'importance de l'image, ainsi que la soif de performance qui habite perpétuellement l'humain.