Alors qu'un vaisseau spatial s'écrase dans l'Hudson à New York, un extraterrestre noir, privé de parole, s'en extirpe et se retrouve bientôt pourchassé par les siens dans les tréfonds de Harlem. Visiblement passionné par le bouillonnement citadin et la notion de communauté, John Sayles crée, avec Brother, une véritable curiosité en imaginant l'itinéraire d'un esclave – dans l'espace comme sur Terre – sans cesse soumis au poids de sa condition. Si son protagoniste se voit capable de réparer les choses et de guérir les autres, il est surtout menacé par un monde dont il ignore tout, malgré la familiarité parfois étrange de ses codes. Dans la peau de ce héros singulier, Joe Morton compense son absence de dialogues par des regards interrogateurs et émouvants qui se posent sur une existence tortueuse. Face au racisme et à la précarité, le cinéaste prend le parti de l'humour et du décalage en choisissant la voie insolite du buddy movie et du docu-fiction philosophique. Souvent fort de candides symboles, il y explore pleinement la bizarrerie de ce quotidien où un muet doit apprendre à des personnages volubiles comment mieux communiquer.