Le Décalogue 5 : Tu ne tueras point

samedi 23 octobre 2021, 14h00

Salle Georges Franju

14h00 15h55 (115 min)

Krzysztof Kieślowski
Pologne / 1987 / 57 min / DCP / VOSTF

Avec Mirosław Baka, Krzysztof Globisz.

Jacek, qui vient de tuer un chauffeur de taxi misanthrope, brutalement et sans raison apparente, est défendu par un jeune avocat.

Prévu en deux versions – une de cinquante-neuf minutes destinée à la télévision et une d'une heure vingt-quatre diffusée au cinéma –, Tu ne tueras point reste considéré comme le moment fort du Décalogue. À travers l'errance a priori anodine d'un jeune homme dans Varsovie, Krzysztof Kieślowski développe, point par point, l'assassinat d'un chauffeur de taxi, le parcours d'un futur avocat, puis l'exécution de son protagoniste principal. Construit en trois parties distinctes, le film évoque la peine de mort sans jamais s'aventurer sur le terrain du réquisitoire. Dans sa mise en scène d'une humanité éreintée, Kieślowski cherche seulement la crudité d'un récit à l'os où il n'est pas question de dissimuler les faits, ni de s'encombrer du superflu. Sur une tonalité sombre et sans concession, il expose frontalement la barbarie des crimes, qu'ils soient commis par désespoir ou par désir de justice. Ici, rien ne mérite d'être esthétisé par l'image ou l'effet de notre regard, devant le débordement d'une violence montrée au plus près de sa nudité et de sa laideur.


Krzysztof Kieślowski
Pologne / 1987 / 58 min / DCP / VOSTF

Avec Olaf Lubaszenko, Grażyna Szapołowska.

Tomek, jeune postier timide, brûle d'amour pour sa voisine, Magda, une jeune femme aux mœurs libres qu'il épie depuis sa fenêtre. N'osant l'approcher directement, il la fait venir dans l'agence où il travaille, en lui envoyant un faux mandat.

À l'instar de son prédécesseur, Tu ne tueras point, Tu ne seras pas luxurieux a, lui aussi, connu les honneurs d'une version longue, sortie au cinéma sous le titre Brève histoire d'amour. Afin d'interroger l'obsession et le voyeurisme, Krzysztof Kieślowski met ici en scène les fantasmes d'un garçon, invariablement attiré par sa voisine, qu'il épie de son appartement. Dans une forme similaire à celle de Tu ne tueras point, notamment une structure en trois parties, le film s'attarde sur la complexité de l'âme humaine, difficile à scruter derrière ses apparentes intentions. De traqueur à traquée, le cinéaste questionne la frontière qui sépare le badinage de la perversité et de la manipulation. En écho à Alfred Hitchcock, dans un faux mélange entre Psychose et Fenêtre sur cour, il élabore un théâtre de l'ambivalence où s'exprime le caractère réel de la sexualité et de la passion. De plus en plus énigmatique, sa mise en images traduit élégamment la manière dont une adoration démesurée pour autrui peut détruire, peu à peu, sa propre personne.