Le Décalogue 3 : Tu respecteras le jour du seigneur

vendredi 22 octobre 2021, 22h00

Salle Georges Franju

22h00 23h55 (111 min)

Krzysztof Kieślowski
Pologne / 1989 / 56 min / DCP / VOSTF

Avec Daniel Olbrychski, Maria Pakulnis.

Le soir de Noël, Janusz, en famille, a l'esprit ailleurs depuis qu'il a reconnu dans l'assistance de la messe de minuit son ancienne maîtresse. Et voici qu'elle sonne à la porte pour lui demander de l'aider à retrouver son mari.

Toujours animé par le même questionnement moral que ses prédécesseurs, et surtout la volonté de montrer l'homme aux prises avec sa propre conscience, Tu respecteras le jour du Seigneur est l'un des volets les plus émouvants du Décalogue. Ici, Krzysztof Kieślowski filme un protagoniste qui croise par hasard son ancienne maîtresse durant une messe de minuit. Tandis qu'elle l'implore de l'aider à chercher son mari disparu, il finit par arpenter les rues de Varsovie à ses côtés dans un mélange de tourments et d'harmonie retrouvée. Une atmosphère fantastique flotte dans les images tournées par le réalisateur et il se dégage du long métrage un poignant sens du romanesque qui interroge le renoncement à un bonheur tout juste touché du doigt. Kieślowski connaît le goût amer des regrets : il use de son talent pour laisser le silence se déployer et ainsi exprimer tout ce qui ne peut pas l'être. Comment relire le passé, le transcender, ou, plus encore, revenir vers lui pour mieux s'en affranchir définitivement ? Le film sonne l'heure des choix, sans gravité excessive, et exhume une beauté finale sacrificielle, qui raconte cette manière qu'ont les histoires de rester en nous à jamais et de constituer la personne que nous devenons.


Krzysztof Kieślowski
Pologne / 1989 / 55 min / DCP / VOSTF

Avec Adrianna Biedrzyńska, Janusz Gajos.

Depuis la mort de sa mère, Anka vit seule avec son père Michał. Tous deux sentent bien qu'un sentiment plus troublant que l'amour filial les rapproche. Or une lettre posthume de la mère leur révèle qu'Anka n'est peut-être pas la fille de Michał.

Comme dans son premier volet, Krzysztof Kieślowski poursuit son analyse du rapport parent/enfant à travers l'histoire d'une jeune femme qui entretient une relation privilégiée avec son père. Alors que leur quotidien à deux paraît simple et heureux, une lettre de sa mère disparue vient changer l'ordre des choses en leur révélant qu'ils n'ont aucun lien biologique. De son observation d'une complicité émouvante, Tu honoreras ton père et ta mère bascule progressivement dans une évocation pudique de l'inceste. Face à un sujet difficile d'accès, le cinéaste dévoile, par petites touches, cette alliance étrange entre l'affection, l'amour filial et la passion dévorante. Sans hésiter à bousculer son spectateur, il remet en cause ses certitudes et le laisse seul juge de ce qu'il veut voir ou envisager. Aidé par son troublant personnage féminin, incapable de s'épanouir et de jouer les sentiments dans son activité de comédienne, le film réussit à saisir l'inavouable : la grâce de l'attachement à la lumière du tabou.