Film après film, Bruno Dumont s'est employé à dépouiller son cinéma de tout artifice, à imaginer des atmosphères troublantes dans un ancrage réaliste. Balade mystique rappelant le cinéma de Tarkovski et de Dreyer, Hors Satan représente l'acmé de son œuvre, une proposition radicale partagée entre le bruit et les silences. Dans une économie de moyens et de plans, le cinéaste accompagne la déambulation de ses personnages – dont David Dewaele, qu'il retrouve après Flandres et Hadewijch – autour d'un récit tortueux, faisant se rencontrer les notions de Bien et de Mal. Ébloui par les paysages de la Côte d'Opale, Bruno Dumont les met en scène dans des cadres somptueux qui témoignent de la rudesse des éléments. Tourné en son direct, son long métrage évoque la foi, mais aussi le fanatisme, dans un entrelacement de mouvements à la fois austère et lumineux. Au cœur d'une ambiance mystérieuse, où son héros paraît à mi-chemin entre Dieu et le Diable, Hors Satan ressemble à une expérience sensorielle inédite qui magnifie l'apparente banalité du quotidien.