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Depuis le début de sa carrière, Bruno Dumont a toujours filmé la religion dans un mélange d'attraction et de répulsion en conservant la neutralité d'un regard agnostique. Avec Hadewijch, il embrasse frontalement son sujet grâce au personnage de Céline – qui adopte le nom de la poétesse flamande lors de son passage au couvent –, jeune femme animée par une ferveur absolue. Derrière cette fausse analyse de l'emprise, le cinéaste s'interroge sur un amour inconditionnel, sans incarnation, à un âge des possibles où l'on découvre la vie, les sentiments et les sensations. Céline/Hadewijch – Julie Sokolowski, brillante – aime-t-elle réellement Dieu ou sa propre image dans un reflet d'adoration ? Le long métrage laisse cette question en suspens tout en décrivant le désir presque narcissique d'une adolescente qui veut être aimée et convoitée. Il observe, dans un cadre plus léger, plus subtil qu'à l'accoutumée, la perdition psychologique d'un esprit fragile face au spectre de l'islamisme. Sans parti pris, ni recherche de polémique, Bruno Dumont n'oppose jamais les deux religions en choisissant d'examiner une violence vue comme seul remède par une jeunesse privée de véritables repères.