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« Bien sûr que mon film est subversif : Starship Troopers vous aguiche, avant de vous présenter la facture. » (Paul Verhoeven)
1997. Lessivé par la mésaventure Showgirls, Verhoeven reforme, avec son scénariste Edward Neumeier, le ticket gagnant de Robocop, et signe Starship Troopers, science-fiction impétueuse nourrie de cette ironie cinglante qui leur avait souri dix ans plus tôt. À même équipe, même griffe : derrière ses faux airs de blockbuster belliciste, le film, d'une efficacité redoutable mais passé à la soude caustique, est une charge au canon contre les « faucons », alors en vogue à Washington : « Bien que le film soit sorti sous l'ère Clinton, les néoconservateurs avaient le vent en poupe. Cela nous ennuyait, Neumeier et moi, alors nous en avons remis une couche dans le script, en jouant avec l'imagerie fasciste pour pointer certains travers de la société américaine. » L'alliage pop de violence cartoonesque et d'emprunts à Leni Riefenstahl déstabilise la presse outre-Atlantique, qui reproche au film son ambigüité et ses audacieux parallèles entre impérialisme américain et national-socialisme. La critique américaine aurait pourtant pu saisir, à force, que le cinéaste néerlandais n'aime rien tant que les bonbons au poivre, la satire emballée dans un beau papier cadeau à cent millions de dollars. Malgré des résultats convaincants au box-office (le film connaîtra même deux suites, très fades en regard de l'original), le fossé se creuse un peu plus entre le cinéaste hollandais et son pays d'adoption. Starship Troopers marque la fin de l'idylle hollywoodienne de Paul Verhoeven, qui signera trois ans plus tard un dernier film de studio (Hollow Man) avant de retourner aux Pays-Bas se confronter, sans filtres ni allégories cette fois, à l'Histoire et au nazisme (Black Book).
Xavier Jamet