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Parfait représentant d'un cinéma indépendant américain aussi radical qu'anticonformiste, Todd Solondz est passé maître dans l'art d'entrelacer l'acidité de la comédie grinçante aux tourments du drame caustique. Dans Le Teckel, récompensé par le Prix du Jury et de la Révélation au festival de Deauville en 2016, il suit le cycle d'une vie entière, de l'enfance à la vieillesse, à travers les multiples propriétaires d'un petit chien soumis à des individus arrogants ou maladroits. Fin observateur d'une société cruelle où règne l'impossibilité d'être heureux, le cinéaste imagine ce teckel comme l'incarnation de vies quotidiennes faites de distractions adoptées puis abandonnées quand survient la lassitude. En évoquant les élans de l'humain – qui finit par délaisser ce qu'il possède –, Le Teckel détourne malicieusement la bassesse d'une telle condition en prenant le parti d'en rire. D'une mère maniaque et névrosée (Julie Delpy, excellente) à un enseignant désabusé (Danny DeVito, mélancolique double du réalisateur), il compose un film à sketches parfois déroutant, mais toujours pertinent, sur la tristesse et l'absurdité du monde.