La Ligne de mire

mercredi 19 août 2020, 19h00

Salle Georges Franju

19h00 20h40 (96 min)

Jean-Daniel Pollet
France / 1958 / 20 min / DCP

Avec Claude Melki.

Dans un dancing, un jeune homme timide tente de trouver une fille avec qui danser.

Jeune homme de bonne famille, dans les années 50, Jean-Daniel Pollet quitte les bancs de Sciences Po pour faire le tour des guinguettes avec sa caméra. Il y rencontre un jeune guincheur timide, avec fine moustache et gomina. Ensemble, ils tournent cinq films dans une veine poétique inédite. Le premier, Pourvu qu'on ait l'ivresse, marque les esprits lorsqu'il reçoit le Lion d'or du court métrage au festival de Venise. Quinze ans plus tard, Claude Mauriac se souvient : « Jean-Daniel Pollet, ce fut pour nous, en 1958, ce merveilleux court métrage sur les bals populaires. Nous y découvrîmes un Buster Keaton de banlieue parisienne, vulnérable, mélancolique et sublime : Claude Melki. »


Jean-Daniel Pollet
France / 1959 / 76 min / DCP

Avec Pierre Assier, Claude Melki, Pierre Jourdan, Edith Scob.

Après avoir sillonné les routes avec sa guitare, un musicien retourne au château de son enfance, où il croise amis désœuvrés et trafiquants interlopes. Les saisons passent, les souvenirs l'assaillent : rien n'est plus comme avant.

Invisible pendant plus de cinquante ans, La Ligne de mire est devenu un mythe. Le film, qui compte parmi les premiers longs métrages de la Nouvelle Vague, se fait descendre en flammes par les rares personnes qui assistent à l’unique projection, ce qui fait dire à son auteur : « Je suis devenu l’exemple type de ce que l’on a pu reprocher à la Nouvelle Vague c’est-à-dire l’incompétence technique, la prétention… En fait, c’est peut-être un peu vrai ! » Essuyant les plâtres d’un mouvement cinématographique révolutionnaire émergeant, Jean-Daniel Pollet décide tout simplement d’interdire son film. Pourtant, il y en a un qui découvre quelque chose d’essentiel et qui écrit, en mars 1959, dans Les Cahiers du cinéma : « Quand Orson Welles tourna Citizen Kane, il avait vingt-cinq ans. Depuis, tous les jeunes cinéastes du monde ont rêvé de faire leur premier grand film avant d’avoir dépassé cet âge. Jean-Daniel Pollet sera le premier à réaliser ce rêve. À vingt-trois ans, il est à la fois le scénariste et le metteur en scène de La Ligne de mire. Les personnages du film sont évidemment en quête d’un auteur comme les six de Pirandello. Pourquoi ? Parce que Pollet laisse à ses acteurs la plus extrême liberté. Pourquoi encore ? Pour renverser la théorie de Diderot, et faire du paradoxe du comédien, celui plus cinématographique, et donc plus émouvant, du personnage. Devant tout ce petit ou ce grand monde qui s’agite, Pollet se contente d’être, à l’œilleton, à l’affût de la poésie. » Jean-Luc Godard.