La Soif du mal (version 1958)

vendredi 21 août 2020, 19h30

Salle Henri Langlois

19h30 21h05 (95 min)

Orson Welles
États-Unis / 1958 / 95 min / 35mm / VOSTF
D'après le roman Manque de pot de Whit Masterson.

Avec Charlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Akim Tamiroff.

Une explosion, en guise d'exposition, plante avec intelligence le décor et installe les personnages. Janet Leigh, Marlene Dietrich dans son dernier grand film, à contre-emploi en diseuse de bonne aventure, Charlton Heston auréolé du succès des Dix commandements, et Welles, qui interprète le capitaine Quinlan. Rythme précis, caméra fiévreuse et, en ouverture, le plan-séquence le plus célèbre de l'histoire du cinéma. Loin de n'être qu'une nouvelle démonstration de la virtuosité de Welles, La Soif du mal parle politique, pouvoir et manipulation. Explore les frontières poreuses entre Mexique et États-Unis, entre le crime et la loi. C'est surtout un film à tiroirs, qui contient et résume toute la complexité de son réalisateur, ses contradictions, ses passions. Troublant et vénéneux.

Retour d'Orson Welles à Hollywood et dernier film américain. En ouverture, le plan-séquence le plus célèbre de l'histoire du cinéma. — Frédéric Bonnaud

Tournage de nuit, en six semaines. Casting royal : Janet Leigh, Marlene Dietrich dans son dernier grand film, à contre-emploi en diseuse de bonne aventure, Charlton Heston auréolé du succès des Dix commandements, et Welles himself qui interprète le capitaine Quinlan. Rythme précis, caméra fiévreuse. Une explosion en guise d'exposition, qui plante avec intelligence le décor et installe les personnages. La photo somptueuse, aux noirs éblouissants, qui répond à la musique de Mancini, le long plan-séquence à la grue en ouverture, devenu une référence du genre... Et malgré tout, le semblant de retour en grâce de Welles auprès des studios est de courte durée : Universal n'aime pas le montage final et le remanie entièrement. Désavoué, Welles écrira un long plaidoyer pour défendre son travail, mais il faudra attendre près de trente ans après la sortie du film pour que le monteur Walter Murch livre une version enfin conforme aux intentions du cinéaste. Car loin de n'être qu'une nouvelle démonstration de la virtuosité de Welles, La Soif du mal parle politique, pouvoir et manipulation. Explore les frontières poreuses entre Mexique et États-Unis, entre le crime et la loi, entre l'illusion de la jeunesse et l'expérience désabusée. Mais surtout, c'est un film à tiroirs, qui contient et résume toute la complexité de son réalisateur, ses contradictions, ses passions, pour Shakespeare, pour l'art de l'illusion. Welles mêle le mélodrame au grotesque, triture à pleines mains la matière noire des polars traditionnels, dynamite les codes, s'aventure à grand renfort de plans audacieux dans les tréfonds de l'âme humaine, et l'essore pour en récolter la suprême noirceur. Un chef-d'œuvre, troublant et vénéneux.