1931. Alors qu’il peine à financer La Chienne, Renoir décide de réaliser, à la hâte, un film populaire, qu’il écrit, tourne et monte en trois semaines, prouvant à ses producteurs qu’il peut travailler vite avec un gros succès à la clé. La rapidité d’exécution profite pleinement à la mise en scène survoltée et aux dialogues savoureux de la pièce de Feydeau. Qui plus est, ce sont les débuts du parlant, et voici une bonne occasion pour Renoir de tenter de nouvelles expériences. Alors que le bruitage se fait d’ordinaire en studio, Renoir ose enregistrer les bruits d’une chasse d’eau, en direct ! Mélange d’absurdité, de scatologie, d’humour satirique et grinçant, le film fait sensation. Aux côtés de Marguerite Pierry, irrésistible, Michel Simon excelle dans le rôle du cocu outré, à l’aube de son immense interprétation dans La Chienne.

Tourné en 1936, dans l’allégresse des congés payés naissants, Une partie de campagne raconte la journée de loisirs d’une famille de citadins venue pique-niquer sur les bords du Loing, là où l’on découvre avec délice « une espèce de tendresse pour l’herbe, pour l’eau, pour les arbres ». Le canotier séduit la jeune bourgeoise. Dans un hymne aux forces de la nature, Renoir filme avec bonheur l’éveil des sens et le premier amour. Mais le bonheur est éphémère, bientôt rattrapé par le cloisonnement des classes sociales.