Le Verdict

vendredi 27 mars 2020, 19h30

Salle Henri Langlois

19h30 21h20 (106 min)

Don Siegel
États-Unis / 1945 / 20 min / 16mm / VOSTF

Documentaire de propagande expliquant que l'idéologie nazie pourrait se diffuser à nouveau malgré la mort du Führer
et la défaite allemande.

« Victory leads to peace. Sometimes. Sometimes not ». Sur le ton de l'avertissement, la voix off soutient le montage qui alterne images de souffrance et défilés militaires, cadavres et discours enflammés des nazis. Le jugement est implacable, pas de place pour le pardon, un seul mot d'ordre, la méfiance. Le propos dénonce l'aspect tentaculaire de l'idéologie hitlérienne, joue sur la peur, la graine semée dans les jeunes têtes blondes. C'est violent, c'est impitoyable, c'est un témoignage à chaud, de la « propagande blessée », c'est l'instantané de toute une génération traumatisée. Ce sont dix-sept minutes quasi brutes, essentiellement des images d'archives, dont le ressort est l'accumulation, la répétition, comme une aiguille d'horloge qui referait indéfiniment le tour du cadran. Des plans de quelques secondes chacun, montés avec intelligence par Don Siegel. Entre ressentiment, haine, discours sur la politique américaine émergente, le film, dont la morale est glaçante – une guerre n'est jamais vraiment finie –, reçut en 1946 l'Oscar du meilleur court documentaire.


Le Verdict The Verdict
Don Siegel
États-Unis / 1945 / 86 min / 35mm / VOSTF
D'après le roman Le Mystère de Big Bow d'Israel Zangwill.

Avec Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Joan Lorring.

Londres, fin du XIXe siècle. George Grodman est contraint de démissionner de Scotland Yard après avoir fait pendre un innocent. Au chômage, il songe à se venger de son remplaçant et rival de toujours, Buckley, confronté à un nouveau meurtre mystérieux.

Après avoir fait ses armes au montage pour la Warner, Don Siegel passe – enfin – derrière la caméra. Il tourne pendant une longue grève, en 1946 : « J'étais le seul réalisateur à travailler. Je devais me battre pour accéder au studio. Je ne savais jamais quel plateau j'allais utiliser. Je ne savais jamais avec quel chef opérateur j'allais travailler, ni quels acteurs allaient débarquer. » Résultat : un polar classique, solide, bien ficelé, à l'atmosphère brumeuse, porté par le duo Peter Lorre/Sydney Greenstreet. Les deux acteurs se complètent parfaitement, faciès mobile et visage impassible, artiste étrange et respectable policier, et font l'admiration du cinéaste : « ces deux hommes incroyablement différents, qui venaient de mondes si opposés, qui avaient une vision si opposée de leur travail, ces deux hommes, ensemble, faisaient de la poésie. » Le scénario serpente à l'envi entre les fausses pistes, et la photographie soignée donne un parfait rendu de Londres fin XIXe. Un premier long métrage qui témoigne, déjà, de la maîtrise de son réalisateur.