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« Kathryn et moi avons entamé notre aventure commune en Jordanie, dans des conditions extrêmes. Nous nous sommes retrouvés confrontés à une chaleur étouffante, et à une question cruciale : comment tourner un film si ambitieux avec un tel budget ? Nous avons opté pour le Super 16 mm, un choix qui pourra paraître étonnant pour un film de Kathryn Bigelow, mais qui s'est révélé payant. Les caméras Aaton nous ont libérés du carcan financier, et nous ont offert une totale liberté de mouvement. » Collaborateur au long cours de Ken Loach, récemment établi à Hollywood (United 93 de Paul Greengrass), Barry Ackroyd accroche l'œil de Kathryn Bigelow, qui cherche alors à s'éloigner des films de guerre contemporains pour raconter le conflit irakien de « manière plus brute, immédiate et viscérale ». L'impressionnante scène inaugurale de Démineurs, livrée sans même un générique, donne le ton de la collaboration entre la réalisatrice et son directeur de la photo. Montage nerveux, caméra à l'épaule, grain 16 mm, l'ensemble conjugue le meilleur du film de guerre hollywoodien avec la rugosité documentaire du cinéma prolétaire anglais, dans lequel Ackroyd a forgé son art. Kathryn Bigelow fait aussi la démonstration éclatante que le choix porté en pré-production sur une caméra – ici des Aaton XTR-Prod et A-Minima – est un acte fondateur, qui imprime un film de manière indélébile. Démineurs décrochera neuf nominations aux Oscars, et six statuettes, dont celles de meilleur film et de meilleure réalisatrice.
Xavier Jamet