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Restauration 4K supervisée par David Lynch, étalonnée chez Fotokem LA et menée par L'Immagine Ritrovata. Ressortie salles par Carlotta Films, le 25 mars.
C'est un râle douloureux qui s'échappe d'une cagoule blanche, une silhouette enveloppée de noir se mouvant au rythme d'un boitillement. C'est un visage, difforme, une tête lourde de ses multiples protubérances, aux lèvres déformées, qui lui valurent le cruel surnom d'homme-éléphant. Il faut sept heures quotidiennes de maquillage pour que John Hurt puisse prendre les traits de John Merrick, Joseph de son vrai nom, qui vécut dans l'Angleterre victorienne du XIXe siècle. Derrière ce masque, modelé sur le plâtre du véritable Merrick, l'immense acteur britannique véhicule toute l'humanité de celui qu'on regardait comme un monstre, et que David Lynch sublime dans ce mélodrame poignant qu'est Elephant Man. Du tournage mouvementé, Lynch dira que ce fut son « baptême du feu » de cinéaste. Loin de son Montana natal, le réalisateur se confronte non seulement à un nouveau pays – l'Angleterre – mais aussi à quelques personnalités difficiles, Anthony Hopkins en tête, qui ne cessent de contester son autorité de metteur en scène. De ces accrocs, rien ne transparaît à l'écran. Seules demeurent la maestria du cinéaste, l'atmosphère onirique et cauchemardesque autant inspirée de Tod Browning que de Charles Dickens. Lynch signe le portrait bouleversant d'un être sensible qui, face à la bestialité des hommes, tenta de leur faire voir qu'il n'était pas un animal mais bien un être humain. Un cri de douleur qui, une fois entendu, reste à jamais gravé dans les mémoires.
Elsa Colombani