La Nuit de San Lorenzo

vendredi 6 mars 2020, 18h00

Salle Jean Epstein

18h00 19h50 (108 min)

La Nuit de San Lorenzo La Notte di San Lorenzo
Paolo Taviani, Vittorio Taviani
Italie / 1981 / 108 min / DCP / VOSTF

Avec Omero Antonutti, Margarita Lozano, Claudio Bigagli.

10 août, nuit de la San Lorenzo : une femme se souvient de l'été 1944 quand, à peine âgée de dix ans, elle vit sa petite ville de Toscane subir dans la terreur les exactions de l'armée allemande.

Restauré en 2018 par le Centro Sperimentale di Cinematografia-Cineteca Nazionale et l'Istituto Luce-Cinecittà à partir des négatifs originaux et d'internégatifs. Travaux réalisés à Cinecittà, validés par Paolo Taviani. Étalonnage par Giuseppe Lanci. Restauration de la bande-son par Federico Savina.


Dans la longue tradition des bardes toscans, c'est à la faveur d'une voix maternelle que les frères Taviani nous invitent à écouter le conte historique qu'est La Nuit de San Lorenzo. Puisant dans leur mémoire personnelle et dans les souvenirs d'autres membres de leur génération, les deux réalisateurs ravivent le spectre de la guerre et des bombardements en déployant une nouvelle œuvre polyphonique. Tantôt comptine, marche triomphante ou musique de chambre, ce grand mouvement orchestré à quatre mains trouve sa pleine puissance dans ses multiples variations.
Capté en premier lieu à travers le regard amusé d'une petite fille, pour qui une grande aventure se profile, l'exode de la communauté de San Martino est aussi celui d'hommes et de femmes contraints d'abandonner le village dans lequel ils ont toujours vécu. Dès lors, un dialogue se noue entre deux âges de la vie, que les cinéastes vont s'attacher à entretenir en mariant comique burlesque et froide violence, parfois au sein du même plan. Le tout donne naissance à un entre-deux flottant, qui questionne notre rapport à la mort et à la perte progressive d'une certaine innocence face au drame du monde. Si le sang ne coule pas à flots, il n'est malgré tout pas question de dissimuler l'horreur du conflit aux yeux de la jeune héroïne. Bien au contraire, parmi des adultes pour la plupart démunis, il y a tout à apprendre de son courage et de sa manière de triompher de l'atrocité en inventant des histoires. Arme à nulle autre pareille.

Nicolas Métayer