Interdit en Italie, sorti en catimini à Paris avec une interdiction aux moins de dix-huit ans, Ça s’est passé à Rome passionne une grande partie de la critique à sa sortie sur les écrans français en 1961. « Révolutionnaire », « antisocial », le film, qui montre un monde ouvrier misérable vivant dans la crainte du chômage, frappe par sa dureté et ses répliques radicales : « Si tu veux manger, lâche ton balai et prends un fusil. » « - Si on me donnait un fusil, il y aurait la révolution ! » En adaptant la nouvelle de Moravia avec Pasolini, Bolognini signe un drame humain poignant, ancré dans le néo-réalisme. Mais aussi une œuvre sensuelle lumineuse, aux accents de Nouvelle Vague. Caméra mouvante, musique jazz de Piero Piccioni, et l’une des plus belles scènes d’ouverture qui soit : un lent travelling, en contre-plongée, glissant entre les immeubles populaires où sèche le linge à chaque étage. Éblouissant !