El Topo

vendredi 4 octobre 2019, 19h00

Salle Henri Langlois

19h00 21h05 (125 min)

Alejandro Jodorowsky
Mexique / 1971 / 125 min / 35mm / VOSTF

Avec Alejandro Jodorowsky, Mara Lorenzio, David Silva.

El Topo, un mystérieux pistolero qui sillonne le désert avec son jeune fils, sauve un jour la belle Mara. Elle le met alors au défi de triompher des quatre Maîtres qui règnent sur la région.

Jodorowsky est un artiste multicarte dont chaque film est la trace d'une aventure, d'une vision ou d'une expérience encore plus folle, effrayante ou dangereuse que le résultat à l'écran, comparable en cela à Dario Argento ou Werner Herzog. Alejandro Jodorowsky, issu d'une famille de juifs russes exilés en Amérique du Sud, né au Chili en 1929, Français d'adoption, crée le mouvement Panique avec Topor et Arrabal et réalise ses premiers longs métrages au Mexique. D'abord Fando et Lis (Fando y Lis, 1968) d'après une pièce d'Arrabal, puis le célèbre El Topo en 1970. El Topo est un western baroque et sanglant, mais aussi un trip métaphysique qui ne lésine pas sur les hommages à Buñuel, Tod Browning et au théâtre de la cruauté d'Artaud. Un pistolero énigmatique interprété par le cinéaste, flanqué de son fils de huit ans, affronte des bandits et les maîtres du désert avant de connaître plusieurs transformations au gré d'une quête spirituelle. D'abord justicier vêtu de noir, quelque part entre Zorro, Elvis Presley et un rabbin, selon la définition du cinéaste, El Topo (La Taupe) sème la mort sur son chemin, impliquant son fils dans ses expéditions punitives, comme l'ancien bourreau Itto Ogami et le petit Daïgoro dans la saga japonaise Baby Cart. Devenu un demi-Dieu adoré par une communauté troglodyte d'infirmes et de nains, il renaît en moine errant jeté dans une ville de pionniers en proie au fascisme et à la décadence. Jodorowsky invente un cinéma mystique et halluciné dont il déclinera ensuite l'esthétique sauvage et les outrances graphiques dans des bandes dessinées. El Topo va rencontrer un succès monstre auprès des hippies du monde entier, et continue d'enthousiasmer les nouvelles générations de spectateurs. El Topo a inauguré aux États-Unis la mode des séances de minuit hebdomadaires où se ruent comme à la messe les fanatiques du film, plusieurs années avant Pink Flamingos ou Eraserhead.

Olivier Père