dimanche 17 mars 2019, 20h30
Salle Henri Langlois
20h30 21h45 (72 min)
Forever Pavot (Born Bad Records) met en musique Le Golem de Carl Boese et Paul Wegener (1920)
En collaboration avec Red Bull Music
SACEM, partenaires des ciné-concerts
Pour ce ciné-concert qui clôturera le festival, la Cinémathèque française et Red Bull Music proposent une performance unique autour de la version restaurée du Golem de Carl Boese et Paul Wegener (1920). On connaissait Émile Sornin le fils, l'élève, celui qui reconnaissait ses pères parmi les pionniers de la pop baroque, progressive et psychédélique, auteur en solitaire de la « belle ouvrage rétromaniaque » Rhapsode en 2014. Passé par le metal, le garage, le hip hop, il avait longtemps cherché, brassé, diggé, remontant aux sources avec le sérieux du jeune homme en quête de territoires à occuper. Touche-à-tout insatiable, il signait des clips déments pour Dizzee Rascal ou Disclosure quand il ne battait pas la campagne pour découvrir de nouveaux instruments (le film Le Bon Coin Forever).
On retrouve Émile Sornin le père, l'artiste adoubé, homme-studio conscient de ses influences essentielles (les BO du cinéma 70's français, les pionniers synthétiques, la library music) capitaine d'un groupe de scène, Forever Pavot, aussi dense que soudé. Celui que le producteur Sebastian a appelé au chevet de l'album de Charlotte Gainsbourg. Celui qui met au monde l'album La Pantoufle sorti sur Born Bad Records en 2018. Construit comme un film imaginaire, La Pantoufle puise dans les joies et terreurs de l'enfance pour mieux les réenchanter. C'est ainsi que Forever Pavot assume son rôle de « Père », posant les fondations d'un avenir radieux.
« Étant un amateur de cinéma fantastique, j'ai souvent rêvé de composer la musique d'un film d'horreur, c'est donc un honneur de travailler sur l'habillage musical de ce chef-d'œuvre du cinéma expressionniste. Pour la création ainsi que le live, j'ai choisi de travailler avec Maxime Daoud (aka Ojard) compositeur/multi-instrumentiste qui m'accompagne en live avec Forever Pavot depuis de nombreuses années. Le Golem nous a inspiré une combinaison de sons synthétiques et bruitistes (synthétiseurs analogiques et percussions exotiques) mélangés à des sons plus classiques, plus « nobles » tel que le piano et l'orgue. » (Émile Sornin)
Le Golem
Der Golem, wie er in die Welt kam
Carl Boese, Paul Wegener
Allemagne / 1920 / 64 min
D'après le roman Le Golem de Gustav Meyrink.
Avec Paul Wegener, Lyda Salmonova, Albert Steinrück.
Prague, au XVIème siècle, un rabbin crée avec de l’argile une gigantesque créature : le Golem. Usant de sorcellerie, il lui donne vie et pour mission de protéger les Juifs de la ville des persécutions.
Restauré en 2018 en 4K par la Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung, à partir notamment du négatif A conservé par la Cinémathèque Royale de Belgique.
En 1915, le Golem, une antique légende juive, revient au goût du jour grâce au récit éponyme de l’Autrichien Gustav Meyrink. Paul Wegener, l’auteur de L’Étudiant de Prague, longtemps acteur de théâtre chez Max Reinhardt, adapte le texte par trois fois au cinéma. Les deux premières versions restent aujourd’hui quasiment invisibles ; l’une est fragmentaire et l’autre perdue. Aussi est-ce la troisième, celle de 1920, coréalisée avec Carl Boese, qui est passée à la postérité. Paul Wegener : « C’est avec ce film que j’ai pénétré dans le domaine du cinéma pur. Tout y dépend de l’image, d’un certain flou où le monde fantastique du passé rejoint le monde du présent. »
Certains films, bien plus que d’autres, sont amenés à laisser des empreintes profondes dans l’imaginaire et dans les mémoires. La version de 1920 du Golem est bien de ceux-là. Avant tout pour l’allure de son héros, le Golem, une imposante créature d’argile à la marche lente et lourde. Mais aussi pour son ambivalence, puisque de protecteur de la communauté juive à Prague, le Golem devient son assaillant et une menace quand il échappe à son créateur, Rabbi Loew. Bientôt il sème le feu et la mort derrière lui. Il fascine aussi parce qu’il est tour à tour figé (statue d’argile) et en mouvement (interprété par Paul Wegener lui-même). Le cinéma expressionniste croyait en la force des objets et des décors pour dire les déséquilibres et les tourments du monde. Avec Le Golem, Wegener et Bœse croient en une figure qui synthétise l’humain et l’objet de façon inquiétante. Le film eut une longue postérité au cinéma. Et donna naissance à bien d’autres figures prométhéennes et attachantes, et notamment à un monstre : la créature du docteur Frankenstein.
Pauline De Raymond